COMMENT SE DÉROULENT UNE SÉANCE ET UN SUIVI ?
" Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux." Marcel Proust
Que se passe-t-il donc durant une séance « psy » ?
Je souhaite tout d’abord vous rassurer en répondant à une question que vous êtes nombreux à vous poser sur le psychologue : « Parle-t-il/elle ? » ; et bien, en ce qui me concerne, la réponse est -oui- ; vous ne serez donc pas seuls à parler ni abandonnés à votre silence.
En second lieu, j'insiste encore une fois sur le fait que les « psys » ne sont pas tous « les mêmes ». Ce sont avant tout des personnes, possédant chacune une personnalité et une identité propres ; ce sont ensuite des professionnels, ayant chacun une formation, une orientation et un parcours particuliers, comme nous l’avons vu. Par conséquent, une expérience malheureuse avec un psychologue ne signifie qu’elle se répétera avec un autre... et cela vaut aussi pour une heureuse expérience ! Ce qui est applicable et valable pour moi ne l’est pas forcément pour un autre psychologue.
Je parle et interagis donc, étant donné que ma pratique est fondée sur l’échange, la collaboration et la participation active de l’un et l’autre afin de co-construire du sens et une relation singulière, de confiance et authentique. Le pédo-psychiatre Daniel Stern parle de « conscience intersubjective » qui serait une forme de réflexivité naissant quand nous devenons conscients du contenu de notre esprit par le reflet que l’esprit d’un autre nous en renvoie, dans un moment ou deux esprits se rencontrent.
Concrètement, lorsque vous franchissez la porte de mon cabinet, vous trouvez une pièce accueillante, avec deux fauteuils, positionnés l’un en face de l’autre. Pas de divan. Je pratique en effet en face à face, ce qui facilite le dialogue et permet une communication plus directe et globale, prenant en compte l’expression non seulement verbale mais également para-verbale.
L’entretien peut se faire en français ou en italien.
Ce moment et cet espace de la séance vous appartiennent, même si nous les partageons, et le déroulement de la séance dépendra en partie de ce que vous déciderez d'en faire. Il est donc difficile de décrire précisément une séance « typique » puisque les séances varieront et se construiront justement en fonction des personnes et il y aura autant de séances différentes que d’individus différents en séance. Pour citer encore une fois Daniel Stern, « le processus de changement à deux est forcément imprévisible et imprécis ». Mais je peux vous donner une idée de sa forme et de quelques invariants :
. Centrée sur la personne, dans une écoute active, j’accorde une grande place à l’expression et la verbalisation du vécu, du ressenti, des émotions. J’interviens donc, plus ou moins selon la personne, le moment, la situation, afin de trouver une direction et un sens au travail entrepris.
. J’estime important de définir ensemble assez rapidement des objectifs qui orienteront notre travail.
. L’entretien est en grande partie libre mais peut contenir des moments plus directifs. En fonction des demandes, situations et moments, je peux privilégier la parole et le long travail d’élaboration autour d’éventuels conflits psychiques ou bien préférer avoir recours à des outils empruntés aux thérapies cognitivo-comportementales (tels que le questionnement socatique, la tenue d’un journal des émotions ou l’analyse d’une situation-problème avec des «exercices » à accomplir chez vous, la recherche de stratégies et solutions, des techniques de relaxation...) ou plus humanistes (par exemple, représentation ou reproduction d’une situation ou émotion par l’image, le dessin ou le jeu de rôle) ou encore, adopter une vision plus systémique tenant compte de l’histoire familiale et des problèmes de communication au sein du système familial.
. Le travail s’amorce et se prépare en séance ; l’essentiel se poursuit en dehors, entre les séances et après voire bien après la fin des séances et du suivi...
"L'important n'est pas ce que nous attendons de la vie, mais ce que nous apportons à la vie. Au lieu de se demander si la vie a un sens, il faut s'imaginer que c'est à nous de donner un sens à la vie, à chaque jour et à chaque heure." Victor Frankl
Dans l’optique de prise en charge globale de la personne, j’aime travailler avec d’autres professionnels, en cabinet ou en réseau. J’ai donc choisi de recevoir au sein de cabinets pluridisciplinaires.
Un travail sur soi...
On entend parfois des remarques du type « oh moi, les psys - ou les psychothérapies - j’y crois pas ! », un peu comme on le dirait d’une croyance religieuse ou ésotérique, d’une superstition ou encore d’une légende plus ou moins mystérieuse.… Et bien non, il ne s’agit pas de cela et il y a là une vision totalement faussée du processus en jeu. Une psychothérapie ou un "travail psychologique", car il s’agit bien de cela, n’est pas une solution miracle ou magique, un traitement venu de l’extérieur, qu’on reçoit pour nous "guérir". Ce n’est pas un hasard si on parle souvent de « travail sur soi » ; cela traduit bien ce qui se passe : un travail, au vrai sens du terme - [Pour mémoire, « travail » en ancien français renvoie à la notion de souffrance et tourment… et encore avant, le «tripalium » latin se référait à un instrument de torture.] - Il implique forcément effort personnel, participation, action, qui ne peuvent s’accomplir sans peine ou douleur parfois, dans tous les cas un processus intérieur plus ou moins long pour aboutir à une « œuvre », un résultat qui n’est pas toujours celui que l’on attendait. Le psychologue est là pour accompagner la personne, guider et permettre ce travail, rendre possible son expression, sous quelque forme que ce soit, en canalisant les émotions, en favorisant les prises de conscience, en recadrant parfois, en créant, toujours, un espace bienveillant et propice à l’expression des vécus et l’épanouissement du sujet. Le psychologue peut ainsi être vu comme un « guide à penser, à sentir, à être ». Il s’agit d’un parcours à deux, à la fois enrichissement mutuel et cheminement individuel et personnel pour pouvoir poursuivre son chemin seul. Comme tout travail, il comporte des aspects peu agréables, voire pénibles ou douloureux, sans pour autant être néfastes ou inutiles. Il est donc normal de ne pas se sentir toujours légers, insouciants ou « guéris » et de ne pas voir s’envoler ses troubles ou tourments au bout de quelques séances dans un cabinet de psychologie. Quelques échanges avec un psychologue n’accomplissent pas de miracle…, et il serait malhonnête de vous laisser croire le contraire ; en revanche, quelques séances, voire une seule, peuvent permettre de se sentir apaisés, soulagés ou rassurés. Ce travail s’avère nécessaire pour avancer ou apporter des changements dans son fonctionnement, sa vie et son devenir et pour atteindre un équilibre plus harmonieux. Une phrase de Thomas Hardy illustre bien le processus à l'oeuvre : « Si un chemin peut conduire au Meilleur, il passe par un regard attentif sur le Pire. »
Le terme italien « travaglio » définit par aillleurs une tâche particulièrement pénible, insistant sur l'extrême fatigue ou le tourment qui l'accompagne et se réfère également, tout comme le terme français, à l’ensemble des phénomènes généralement très douloureux précédant et accompagnant un accouchement et aboutissant à une naissance : une image qui rend bien l’idée de ce qui se passe au cours d’une psychothérapie, une sorte d’accouchement de soi.
Un travail psychologique peut donc « faire mal », mais à la manière d’une blessure, une cicatrice ouverte demandant un soin... dans le but d’apaiser la douleur, refermer la plaie, pour parvenir à un mieux-être.
Mais je ne voudrais surtout pas vous affoler ou décourager ! Je vous rassure, la douleur et le tourment ne sont pas le cœur du processus ni des éléments constants. Les séances sont faites avant tout de réflexions, moments d'introspection et d’échanges enrichissants et créatifs, de découvertes qui vous apprendront à mieux vous connaître et à changer un peu de regard, de perspective sur certains aspects de votre vie. En réconciliant les différentes dimensions de votre personnalité , jusqu’alors en conflit ou non acceptées, vous pourrez envisager des stratégies et solutions alternatives et entrevoir la possibilité d’un nouveau mode d’être-au-monde, Je citerai une phrase d'Albert Camus (in Noces, 1939) pour résumer l'idée de ce paragraphe : " Qu’est-ce que le bonheur, sinon l’accord vrai entre un homme et l’existence qu’il mène ? "
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" L'homme mérite qu'il se soucie de lui-même car il porte dans son âme les germes de son devenir." Carl Gustav Jung
2013. Ce site web a été créé par Karine Cavalieri, psychologue clinicienne à Nice. Les textes, images et photos sont propriétés de l'auteur.